Quand les biais cognitifs s’invitent dans la vie professionnelle
« Vous avez besoin d’être aimé-e et admiré-e, mais restez très critique à votre égard. Vous avez un potentiel considérable que vous n’avez pas encore utilisé à votre avantage.” Si vous vous êtes reconnu-e dans cette description, ça n’est ni que vous êtes Bélier, Scorpion ou Vierge. Vous venez simplement d’expérimenter l’effet Barnum : le fait de vous attribuer personnellement une description floue et générique.
L’effet Barnum est un exemple parmi les quelque 200 biais cognitifs qui existent, ces raisonnements ultra-simplifiés qui permettent au cerveau un traitement plus rapide de l’information.
Dans cet article, nous proposons d’introduire les biais cognitifs : qui sont-ils ? À quoi servent-ils ? Et pourquoi s’y intéresser ?
Pour les plus téméraires, nous vous proposons ensuite d’en décrypter quelques-uns des plus célèbres en mettant en lumière la forme qu’ils peuvent prendre en entreprise… Tintin à l’appui !
Que sont les biais cognitifs ?
Les biais cognitifs sont à la base de nombre de nos raisonnements. Et pour cause, ils constituent des raccourcis pris par le cerveau dans la tâche essentielle qui lui incombe : trouver du sens à notre contexte le plus vite possible, pour discerner les situations dangereuses.
Pour savoir quoi répondre à un environnement parfois hostile, le cerveau a mis en place des raisonnements spontanés et inconscients, nous permettant de faire le tri dans le flot ininterrompu d’informations disponibles : savoir où porter son attention et quoi retenir pour agir vite.
Génial ! Oui… sauf que les biais cognitifs étant spontanés et inconscients, ils ne sont pas toujours bons conseillers et nous conduisent parfois à des erreurs d’interprétation. Ils nous confortent dans ce que l’on croit, nous empêche d’appréhender un sujet – y compris nous-mêmes – dans sa globalité, nous mettent de mauvaise humeur…
Pourquoi s’informer sur les biais cognitifs ?
Contrairement à ce qu’un monde cartésien et rationnel voudrait laisser penser, nos choix et nos décisions ne relèvent pas toujours exclusivement de la sacrosainte raison, mais également de mécanismes instinctifs inconscients tels que les émotions (auxquelles nous avons dédié un article) ou les biais cognitifs.
En effet, ces-derniers s’invitent tous les jours dans notre vie. Promesses publicitaires, discours politiques, média, autant de domaines où ces courts-circuits cérébraux sont mis à profit pour mieux persuader, convaincre ou vendre. Au-delà de ces exemples canoniques, chez tout le monde, les biais cognitifs apparaissent depuis les situations les plus badines (”Où est-ce-que je vais acheter mon pain ce soir ?”) jusqu’aux considérations les plus stratégiques (”Quels changements structurels allons-nous prioriser pour tenir les Accords de Paris ?”).
S’informer sur les biais cognitifs, c’est se donner les moyens de repérer ceux qui sont les plus familiers chez soi, pour gagner en capacité de décision sur le choix que l’on fait de suivre le raisonnement qu’ils nous proposent ou non. Et ça vaut dans la vie personnelle comme dans la vie professionnelle.
En cette période automnale, s’intéresser aux biais cognitifs est une invitation à un ralentissement de la pensée pour penser comment l’on pense. Et ainsi espérer gagner en conscience, puis en pouvoir de décision et d’action.
Peut-on éviter les biais cognitifs ?
Vous le comprendrez (si ça n’est déjà le cas) en parcourant quelques-uns des exemples donnés, éviter tous les biais cognitifs est une chimère. Cela reviendrait à conscientiser tout son inconscient (NDLR : Conclusion identique à celle sur la conscientisation de tous les jeux psychologiques). À vrai dire, ça ne serait probablement même pas souhaitable, car nous croulerions alors sous les informations quitte à éprouver des difficultés à lire notre environnement.
Loin de toujours nous léser, les biais cognitifs sont au service de certaines facultés cérébrales comme la mémorisation ou la création de sens. Du reste, cet article tente d’en mettre certains à profit : le biais humoristique, qui permet de marquer l’esprit ; l’heuristique de disponibilité qui consiste à voir davantage un phénomène dont on a entendu parler…
Notre invitation serait donc plutôt d’apprendre à les reconnaître pour les intercepter lorsqu’ils émergent chez nous et nous font prendre des décisions néfastes pour nous-mêmes, pour les autres ou pour l’environnement. Car une fois que l’on a gagné en conscience, nous pouvons devenir acteur de notre choix de suivre le biais ou non. Et continuer ainsi à se transformer !