L’effet Dunning-Kruger
L’effet Dunning-Kruger pourrait s’appeler biais du j’ai-tout-comprisme ou biais du je-sais-que-je-ne-sais-rienisme.
Il se divise en deux : d’abord, le fait que les personnes les plus qualifiées sont celles qui doutent le plus d’elles-mêmes (c’est la partie je-sais-que-je-ne-sais-rienisme) et ensuite le fait que les personnes les moins qualifiées se surestiment (ça, c’est la partie j’ai-tout-comprisme). Un peu comme Tintin, le reporter de choc, facilement impressionné par un détective qui glose…
Ca parait stupide… Mais pas tant. Prenez une paysanne tarnaise qui cohabite avec les plantes depuis son enfance. Le savoir-faire botanique qu’elle a engrangé lui parait si naturel qu’elle peine à comprendre pourquoi un trentenaire parisien qui n’a jamais appris à différencier un hêtre d’un boulot l’admirerait. Au contraire, dans son environnement à elle, elle évolue avec des agriculteurs qui en savent beaucoup plus. Elle peut en arriver à douter de ses compétences plutôt que d’en avoir conscience…
L’effet Dunning-Kruger, c’est un des biais sur lequel repose un des plus célèbres syndromes des générations Y et Z en entreprise, le syndrome de l’imposteur : nos talents nous sont si naturels qu’on ne les voit plus.
Vous êtes une commerciale, et vous venez encore de signer un contrat. Mais “c’est dû à la chance, le client était facile à persuader”. Vous, vous savez bien que vous ne maîtrisez pas tout l’arsenal commercial qu’il faudrait… Peut-être, mais vous êtes également en proie à un biais cognitif.
De l’autre côté du spectre, un individu qui n’a pas conscience de l’étendue d’un champ d’étude pourra croire qu’il en maîtrise les contours parce qu’il en aura appris une infime partie. Un exemple parlant : moi, rédacteur de cet article, qui croit avoir tout compris sur les biais cognitifs après avoir lu quatre volumes de Tintin !
En entreprise, ce peut être un manager un peu optimiste qui a tout compris sur la posture de coach après avoir suivi une conférence de deux heures et pense pouvoir coacher toutes ses équipes lui-même. Pas impossible… mais improbable (et éthiquement pas terrible, mais c’est une autre affaire…)
Et vous, quand avez-vous observé vos compétences avec objectivité pour la dernière fois ? Quels sujets maîtrisez-vous, et quels sujets avez-vous envie de continuer à apprendre à maîtriser ?