Faire du coaching avec créativité, pour sortir des sentiers battus

La créativité n’est plus un terme réservé aux artistes, acteurs, actrices et autres troubadours. Elle est devenue un outil puissant pour aider les entreprises et les individus à sortir de leurs schémas de pensée habituels et trouver de nouvelles solutions.
Comment un coaching plus créatif peut aider à prendre des chemins inattendus ? Deux coachs partenaires de MicroMégas nous partagent leur point de vue et leurs secrets pour faire allier coaching et créativité, au service de nos clients.

Coaching + créativité = solutions insoupçonnées

Rappelons-le tout d’abord, le coaching est un processus créatif en tant que tel, au sens où il s’agit de vouloir modifier quelque chose (un comportement, un mode de fonctionnement, une lecture de son contexte…) et de trouver des moyens de le faire. A ce processus, on peut – ou pas – ajouter des outils créatifs. Et quand on privilégie cette voie, la créativité offre de nombreux bénéfices : elle stimule l’imagination, libère les blocages mentaux, apaise les éventuelles tensions individuelles ou collectives.

La créativité… pour repenser les problèmes

« Pour moi, c’est important de réussir à faire sortir la personne de son mode de pensée habituel », commence Yvane Piolet. Quand un individu se présente avec un sujet, avec sa “problématique”, le coach professionnel – et son homologue féminin – pose un cadre permettant de voir son problème de façon différente, à ouvrir le champ des possibles. « Et c’est l’intérêt de la créativité. Elle permet de créer un décalage, de faire un détour pour mieux adresser le problème, sous un angle différent. Car en restant bloquée dans un mode de pensée, la personne coachée comme son coach sont limités dans ce qu’ils peuvent ensuite mettre en place», explique-t-elle.

Et c’est bien le sujet : appliquer les mêmes solutions aux mêmes difficultés, en espérant des résultats différents. « Trop souvent, dans les entreprises, on se focalise sur les problèmes sans forcément chercher à imaginer de nouvelles façons de les adresser. Parfois, il faut sortir des solutions classiques et réfléchir à ce qui pourrait être fait différemment, avec d’autres moyens… voire, complètement revisiter la problématique initiale », observe la coach.

Connaissez-vous cette affirmation d’Einstein, qui confie que s’il avait une heure pour résoudre un problème dont sa vie dépendait, il passerait 55 minutes à chercher la meilleure question à se poser, et seulement 5 minutes à y répondre ? Yvane Piolet partage son observation. « On a souvent l’impression de comprendre une difficulté à laquelle on fait face, et on prend donc trop vite le chemin des solutions », alerte-t-elle.

Heureusement, la majorité des processus créatifs utilisés aujourd’hui consacrent un temps important à la clarification de la problématique. « Pendant cette phase, on va généralement se projeter dans une vision d’un futur idéal, puis on considère le chemin pour passer de la situation actuelle à cette vision. Ce chemin entre les deux, c’est le défi que l’on souhaite adresser et que l’on formule en “comment faire pour”. Dans ce défi, chaque mot est important », explique-t-elle. Eurêka !

« Si on veut obtenir quelque chose qu’on n’a jamais eu, il faut tenter quelque chose qu’on n’a jamais fait. »

Périclès

La créativité… pour titiller les ego

Mais les pratiques créatives ont un autre bénéfice : elles titillent l’ego… un obstacle bien connu à la résolution de problèmes. « Le coaching – de manière générale – peut aider à faire émerger ce que l’on appelle le “self-awareness”, la connaissance de soi, et donc déplacer l’ego pour voir quand est-ce qu’il est utile… et quand est-ce qu’il est un obstacle », explique Cécil Schmitt, également coach partenaire de MicroMégas.

Car oui, l’ego peut empêcher de reconnaître l’existence d’une difficulté, pousser à chercher la validation plutôt qu’à trouver des solutions efficaces, ou même empêcher de prendre des risques ou d’essayer de nouvelles approches. « Le coaching par le théâtre, par exemple, est une approche intéressante, à la fois parce qu’il implique de laisser son ego de côté, mais aussi dans le rapport qu’il crée au corps. Cela permet de comprendre pourquoi une décision ou une idée chatouille, ou ce qu’elles font bouger en nous », illustre le coach.

Introduire des pratiques créatives dans le coaching : ils ont osé

Introduire des pratiques créatives dans le coaching peut sembler audacieux. Pourtant, nombre de coachs font le choix d’oser et de sortir des méthodes habituelles pour accompagner les individus et les collectifs dans l’atteinte de leurs objectifs. Ci-après, inventaire non exhaustif des méthodes préférées de nos deux coachs ?

La méthode du Théâtre Forum : rejouer les problèmes pour apaiser les tensions

Après 15 ans dans le management de la qualité des organisations, Cécil Schmitt a choisi de prendre des cours de théâtre pour devenir comédien amateur. Et c’est tout naturellement que sa méthode de prédilection est le méconnu « Théâtre Forum ».

Cette méthode, développée par le brésilien Augusto Boal dans les années 1970, invite les individus à rejouer des scènes qui représentent des situations problématiques, afin d’en explorer les contours et proposer des solutions alternatives. « Dans le théâtre forum, le plateau est “magique” : chaque participant change de nom, de rôle, de comportement… chacun devient quelqu’un d’autre. Et c’est comme ça que l’on parvient à laisser s’exprimer sa créativité et à voir les choses différemment ».

Cette méthode est particulièrement efficace quand il s’agit de traiter de problèmes complexes ou de résoudre des situations de tensions et de conflits. « Croyez-le ou non, mais j’ai réussi à mettre sur scène le top management, les collaborateurs et les syndicats d’une société en forte tension autour d’un projet. À travers des saynètes décalées et drôles, ils ont pu se mettre dans la peau les uns des autres et comprendre qu’ils poursuivaient les mêmes objectifs, malgré une posture à tenir et des non-dits fréquents. In fine, tous se reparlaient à la machine à café dès la semaine suivante ! », s’enthousiasme le coach. Prêt(e) à brûler les planches ?

Le Creative Problem Solving : et si tout le monde pouvait être créatif ?

En coaching individuel, Yvane Piolet aime appliquer le “Creative Problem Solving”, une méthode de résolution de problèmes développée dans les années 1950. Initialement, elle visait à aider les publicitaires à générer des idées créatives dans le cadre de campagnes publicitaires. Mais comme souvent avec les méthodes qui fonctionnent, elle a été largement développée et adoptée par le monde du coaching et de l’entreprise.

« Le Creative Problem Solving part du principe que tout le monde peut être créatif, tant que cette créativité est stimulée par un processus structuré », explique-t-elle. Elle repose donc sur une série d’étapes qui guident les participants et participantes à travers un processus de réflexion systématique, de brainstorming et d’évaluation de solutions potentielles : diagnostic, clarification, idéation, développement puis mise en œuvre. « Deux temps distincts se complètent dans le processus de créativité. Il y a d’abord un temps de divergence : pas de censure, de la quantité, de la recherche d’idées farfelues et des rebonds sur les idées des uns et des autres. Puis un temps de convergence qui consiste à juger positivement, et qui demande d’être déterminé à craquer le défi, à chercher l’inédit et à améliorer les idées », explique la coach. Et si on envoyait des Tesla dans l’espace ? Oups, cette idée folle-là est passée…

… Et autres méthodes plus ou moins conventionnelles

Ainsi, de plus en plus de coachs comme Yvane et Cécil nourrissent leurs séances de coaching d’outils créatifs : le photo-langage, le dessin, les processus narratifs, les projections dans le futur… « Évidemment, il ne faut pas faire de l’outil pour l’outil. Parfois, c’est suffisant d’avoir un questionnement plus classique. Mais c’est toujours intéressant de tester d’autres approches », précise Yvane.

Alors si au détour d’un couloir, vous observez un groupe de 10 collaborateurs et collaboratrices en train d’écrire avec frénésie sur des morceaux de papier puis de les rouler en boule pour les jeter au milieu de leur cercle, ne soyez pas surpris. « J’étais face à une équipe véritablement freinée par tout ce qui pourrait mal se passer au cours de leur projet. Les inviter à écrire leurs craintes et les obstacles qu’ils identifiaient leur a permis de débloquer un certain nombre de choses, en plus de montrer que chacun est autorisé à exprimer ses peurs. C’est inhabituel, cela peut surprendre, mais ça marche ! », s’enthousiasme-t-elle.

Introduire de la créativité dans le coaching – que l’objectif soit de résoudre un problème, d’apaiser des tensions ou de se développer personnellement et professionnellement – encourage l’écoute de soi et des autres, la coopération et l’ouverture d’esprit. Mais c’est aussi une manière de vivre un moment de coaching différent. « Le théâtre, par exemple, permet souvent de décharger les anxiétés et les peurs. Il y a beaucoup de rires, non seulement parce que l’on passe un bon moment, mais aussi parce que celui-ci est utile, et que l’on se sent rassuré », conclut Cécil Schmitt.

Prêt(e) à expérimenter des méthodes de coaching créatives avec nous ?