Être ou ne pas être coach : comment différencier les coachs des autres professionnels de l’humain ?
Pour comprendre à quoi le coaching peut servir, encore faut-il comprendre ce qu’il est et ce qu’il n’est pas. Dans cet article, nous revenons sur les principales différences entre ces spécialistes qui accompagnent l’humain.
Qui sont les spécialistes de l’accompagnement de l’humain ? Qu’est ce qu’un coach professionnel ?
Nous l’avons déjà abordé dans un précédent article, une coach est une professionnelle de l’écoute et du questionnement qui invite son talent (autrement appelé client, ou coaché) à regarder sa situation sous de nouvelles perspectives pour le faire cheminer vers ses propres solutions.
Expérience de coach, à cette définition fait souvent suite la remarque : « Ah, c’est comme un psychologue en fait ? ». Bien entendu, la réponse est non. Et à force de répétition, nous avons considéré utile de revenir sur les principales différences entre le coach et les autres professionnels de l’accompagnement humain.
En effet, pour créer un nouveau chemin de pensée entre une situation donnée et le coaching comme adjuvant potentiel, il nous parait indispensable d’expliquer ce que l’on peut légitimement attendre ou non d’un processus de coaching.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde »
Albert Camus (citation apocryphe)
(…Et nous, on ne veut surtout pas ajouter au malheur du monde…)
Les métiers classiques de l’accompagnement
Pour développer ce sujet des différences entre coach et autres professionnelles de l’accompagnement, nous avons travaillé avec l’artiste Alain Granger (A.G.R), qui a élaboré pour nous des aquarelles originales. Car qui de plus adapté qu’un peintre pour dessiner les contours de chaque discipline ?
1 — Le coach n’est pas… un psychologue
C’est vrai, à l’instar du psychologue, le coach est un professionnel de l’écoute et du questionnement.
Oui mais… Au cours d’une thérapie psychologique, la thérapisante est amenée à s’interroger sur le « Pourquoi ? » du problème. Elle se focalise sur l’analyse de situations passées pour identifier les sources d’un mal-être.
Le coaching professionnel amène davantage le talent à s’interroger sur le « Comment ? » : compte tenu du challenge vécu, quelles ressources mobiliser pour le relever ? Le coach invite ainsi au mouvement vers le futur en orientant le talent vers le monde des solutions.
Autre différence de taille : la durée d’un processus de coaching est préalablement définie et limitée dans le temps, au contraire du travail thérapeutique qui peut courir sur plusieurs années d’affilée.
Bref, on ne le dira jamais assez : Non, un coach n’est pas un psychologue. Il s’agit de deux approches complémentaires, l’une orientée vers le passé et l’autre vers le futur. Deux revers d’une même médaille pour développer une meilleure connaissance de soi.
2 — La coach n’est pas… une formatrice
Votre leçon de conduite : c’est vous qui conduisez, mais a priori, c’est la dame à côté de vous qui choisit l’itinéraire.
La dame à côté de vous, c’est une formatrice : elle livre un enseignement précis et immuable pour offrir un cadre collectif à notre savoir individuel. Pas la coach professionnelle, qui fixe un processus pour accompagner le talent mais qui ne préconçoit aucun programme.
Tel un coche (c’est-à-dire l’ancêtre du taxi et, osons le dire, du VTC…), la coach accompagne mais c’est le talent qui choisit sa destination ; ainsi que l’itinéraire, les pauses et les détours pendant son trajet.
Et cette personnalisation change la donne pour le talent. Il apporte lui-même sa situation et en fait le point de départ d’un cheminement vers ses propres ressources et son propre mode de fonctionnement.
Bref, finies les parties de Candy Crush pendant un MOOC défilé en vitesse x1,5. Chez la coach, c’est vous qui fixez le cap et la cadence !
3 — Le coach n’est pas… un consultant
La spécificité d’un consultant c’est… d’être spécifique ! Il s’est forgé une expertise vis-à-vis de situations qu’il maitrise du bout des doigts. On fait donc appel à lui pour trouver des solutions améliorées à une situation plus ou moins classique.
Exemple : Valentin, qui vient diagnostiquer les données dans votre entreprise pour déterminer quelle solution algorithmique est la plus à même de vous faire gagner des parts de marché…
Le coach professionnel vous coache vous, pas la situation ! Il n’a pas de solutions clé-en-mains concernant la situation et ne donne aucune réponse. En lui renvoyant son reflet comme un miroir, il vise à faire sortir le talent de ses raisonnements automatiques pour qu’il trouve ses propres solutions, considérant humblement que lui seul en connaît tous les tenants et aboutissants.
Pour ce faire, les coachs professionnels travaillent sur eux-mêmes en continu pour renvoyer l’image la plus fidèle possible, et non pas un reflet déformé par leur propre lecture du monde.
« Eau trouble ne fait pas de miroir »
Proverbe occitan
En coaching donc, pas de slides infinis présentant la panacée pour relever votre entreprise. Vous êtes votre propre Méga-Consultant·e, et vous n’avez besoin que d’un Micro-Miroir humain !
4 — La coach n’est pas… une tutrice
La personne chargée d’accompagner les jeunes recrues dans leur processus d’apprentissage élémentaire s’appelle une tutrice.
Comme celui du jardin, la mission du tuteur est de soutenir l’élévation d’une jeune pousse en lui offrant un soutien infaillible.
Concrètement, une tutrice enseigne un savoir appliqué et pratique aux nouvelles recrues : cliquer sur le bouton noir (non pas celui-là, celui d’à-côté) pour activer la version recto-verso de la photocopieuse, où sont les meilleures terrasses du quartier, qui aller voir quand on a un problème IT… Bref, elle leur fournit un cadre rassurant, leur permettant de ne se concentrer que sur l’essentiel.
Dans le jardin du talent, si la tutrice est un tuteur, la coach est plutôt une bèche. Expliquons-nous… Elle l’accompagne en lui proposant de planter de nouvelles graines, de remuer la terre en profondeur pour l’enrichir de nouvelles ressources, de l’arroser, d’élaguer certains branchages qui font de l’ombre à d’autres plantations…
Dans cette permaculture intérieure, la mission du coach professionnel est ainsi de contribuer à ce que les prises de recul germent vers une conscience décuplée de ses ressources et de son mode de fonctionnement. Bref, comme dirait François-Marie, le coaching est un moyen efficace de cultiver son jardin.
« Je sème un grain qui pourra produire un jour une moisson. »
Voltaire, Traité sur la tolérance
5 — Le coach n’est pas… un entraîneur sportif
Tout le monde sait ce qu’est un entraîneur sportif, inutile de décrire sa fonction par le menu. Et on se doute bien que cela diffère du coaching en entreprise.
Mais alors, d’où vient que l’on appelle souvent l’entraîneur un coach sportif, participant à la confusion autour du métier de coach professionnel ? Peut-être la réponse réside-t-elle dans la mise en mouvement souhaitée du talent, mise en mouvement du corps ou de l’esprit ?
Première distinction néanmoins : la plupart du temps, le coaching professionnel donne la part belle au langage, verbal et non-verbal. Vous en conviendrez, il s’agit déjà d’un différenciant entre les deux pratiques.
Et, même si, convaincu de la complémentarité entre le corps et l’esprit, le monde du coaching s’enrichit de méthodologies mettant également le corps à l’honneur, le processus diffère là encore des séquences d’exercices données par un entraîneur sportif. Il s’agira davantage, par l’engagement du corps — la marche, la danse, pourquoi pas l’équitation, ou autre… — de faire sortir le talent de sa zone de confort pour favoriser la découverte de nouvelles ressources internes et faire résonner de nouvelles parties de lui.
Car toute expérience est propice à des prises de conscience, à condition d’être accompagné·e par une professionnelle sur la lecture de cette expérience : c’est le rôle du coach professionnel.
Deux disciplines complémentaires donc, pour acquérir davantage de souplesse, d’équilibre et de force, pour le corps et pour l’esprit.
6 — La coach n’est pas… une mentor
Lorsque l’on devient une référence dans un domaine, et pour peu qu’on ait une folle envie de transmettre son expérience, on a de grandes chances de devenir mentor.
Il s’agit alors de partager les leçons que la vie a mises sur notre chemin à des pairs moins expérimentés pour faciliter leur itinéraire vers l’excellence.
Une coach n’a a priori pas traversé les mêmes épreuves que vous, ni ne prodigue de recommandations sur la démarche à suivre pour vous conduire au sommet. Elle n’a pas vocation à partager son histoire pour vous faire gagner du temps sur l’écriture de la vôtre…
Au contraire d’une mentor loquace, la coach vous invite à prendre votre espace de parole. En vous posant des questions ciblées et en écoutant votre histoire, elle vous incite à poursuivre votre réflexion, pour cheminer vous-même vers vos propres recommandations. D’aucuns diront que le coaching, c’est la maïeutique socratique du 21ème siècle…
« Les gens qu’on interroge, pour peu qu’on les interroge bien, trouvent eux-mêmes les bonnes réponses »
Socrate
Conclusion : qu’est-ce qu’un-e coach ?
Être ou ne pas être coach, là est la question. Juste complément d’un processus de consultation, de mentorat, de travail thérapeutique ou même d’entraînement physique, il ne se substitue à aucun de ces professionnels… et vice-versa !
Encore faut-il savoir quoi attendre de chacun de ces travaux. De quoi ai-je besoin ? D’un conseil sur une situation ? De trouver la racine d’une tendance que j’ai ? De réfléchir pragmatiquement aux ressources qui me sont déjà accessibles ? De prendre conscience des contours de mon paradigme et de celui des autres ? Autant de questions qui permettent de choisir le bon professionnel dans une situation donnée.
« Prendre conscience, c’est transformer le voile qui recouvre la lumière en miroir. »
Lao Tseu
Qu’est-ce qu’une coach ? C’est un coche, une bèche ou un miroir, selon l’analogie qui vous aura parlé. Elle pose le cadre d’un processus pour que, toujours aux manettes de son développement, le talent puisse poursuivre sa réflexion et son mouvement.