L’effet de cadrage
Scène vécue lors d’un comité de projet alors que j’étais un bébé Data Scientist en cabinet de conseil. En fin de réunion, la directrice de projet énonce au client : “Pour la suite des analyses, vous préférez la méthode A… (la directrice sourit, promet monts et merveilles, élabore une idée complète) ou la méthode B… (la directrice grimace et reste évasive)” Quelle méthode les clients ont-ils choisie d’après vous ?
C’est ce qu’on appelle un effet de cadrage, un biais cognitif qui fait que la façon de formuler une question a une conséquence sur le raisonnement et la décision qui en découlent. Au delà des mots employés, de nombreux auxiliaires participent à créer ce cadre cognitif influençant la décision finale : la gestuelle, les traits du visage, le ton de la voix, la posture…
Le biais de cadrage peut se révéler très utile : lorsqu’un énoncé exhaustif n’est pas possible (par manque de temps par exemple), il permet de voir rapidement la situation sous un autre angle, de convoquer prise de hauteur et émotions, pour gagner en conscience sur celle-ci…
…Encore faut-il que les faits énoncés soient justes et exempts de toute idéologie (non pas biaisés, comme dans l’exemple ci-dessous tiré de Tintin chez les Picaros). Encore moins raciste, antisémite, écocidaire, misogyne, homophobe etc. cela va sans dire, mais disons-le quand même !
Sans en arriver à de telles extrêmités, l’effet de cadrage devient dangereux, quand il est utilisé à des fins de manipulation, ce que l’on observe parfois en entreprise : “Quand j’étais à ta place, je bossais jusqu’à 21H… Je dis ça, je dis rien… Tu fais comme tu veux !” C’est peut-être vrai, mais peut-être aussi que tu arrivais à 10H ? Ou peut-être que ta conjointe t’a quitté parce que tu rentrais trop tard ? Ou peut-être…
Et vous, quand avez-vous été confronté-e à un effet de cadrage pour la dernière fois ? Comment l’avez-vous vécu, et a-t-il été profitable ou néfaste ?